NOMIQUE
MAISON
ÉCO

BILAN CARBONE
FAITS SAILLANTS
1. Énergie grise des matériaux
L'énergie grise réfère principalement à l'énergie fossile brûlée lors de chaque étape du cycle de vie (ACV) d'un bâtiment, d'où les émissions intrinsèques de CO2.
​​
Le bilan se concentrera ici sur les matériaux de construction (étape A1-A3, extraction et transformation de la matière première) afin de comparer mon projet avec la moyenne nationale des projets résidentiels plus conventionnels.​​​
​​
Le bilan carbone du bâtiment évoluera peu au fil des ans, nonobstant l'impact carbone de son entretien. Par contre, un agrandissement ou des rénovations majeures pourraient l'alourdir significativement.​
2. Énergie d'usage du bâtiment
​L'énergie d'usage désigne l'énergie consommée par le bâtiment durant sa vie utile pour répondre aux besoins des occupants : chauffage, cuisson, éclairage et autres.
​​
Contrairement à l'énergie grise, le bilan carbone de l'énergie d'usage va croître avec le temps par simple addition calendaire, année après année, tout au long de la vie utile du bâtiment.
​
Selon les conventions, cette vie utile est fixée à 60 ans, même s'il est probable que cette échéance sera dépassée.
​
BILAN NET
- 540 kg éq. CO2
BILAN ANNUEL kWh
209 kg éq. CO2
ÉMISSIONS INTRINSÈQUES
13.51 tonnes éq. CO2 (A1-A3)
CARBONE (C) SÉQUESTRÉ
3.83 tonnes, soit 14.05 t éq. CO2*
ÉLECTRICITÉ MAISON
6 054 kWh / an
FACTEUR D'ÉMISSION (ACV)
34.5 g éq. CO2 / kWh
Premier constat
​​
La production des matériaux aura émis légèrement moins de CO2 (réf. émissions intrinsèques) que la quantité captée par la biomasse des matériaux biosourcés. Ces derniers constituent l'ossature et l'enveloppe à hauteur de 91 % !
​​​
L'effet de la présence massive du biosourcé est double :
​​​
1. dans la colonne des actifs, il empile généreusement du carbone biogénique;
​​​
2. dans la colonne des passifs, il traîne sur son dos moins d'énergie grise, comparé à ses pendants d'origine fossile ou minérale. Et c'est particulièrement vrai pour le chanvre et le SONOclimat Éco4 (réputés pour leur sobriété carbone) qui occupent 61 % du volume biosourcé du projet (50 m³).
​​​
En outre, l'usage plus modéré des matériaux émissifs (acier et béton) aura forcément favorisé un score serré entre les deux colonnes (- 540 kg éq. CO2).
Second constat
​​
Selon Hydro-Québec, une maison individuelle présente en moyenne une conso de 22 000 kWh par an (sans clim), soit 759 kg éq. CO2. Avec la clim, on parle plutôt de 24 000 kWh - ou 828 kg éq. CO2.
​​​
Au final, l'empreinte carbone des kWh consommés dans ma maison est inférieure à celle d'une maison standard par une marge importante : entre 72 et 75 %.
​​​​​
Intensité carbone / m² habitable : écart de 72.6 %
Pour comparer des tailles différentes, il faut s'en remettre à l'intensité carbone par m² habitable.
​
Mon projet (94 m²) ................ . 2.22 kg éq. CO2
Unité individuelle (198 m²) ...... 3.83 kg éq. CO2 ​​​​.... + 72.6 %​
Calculer le carbone biogénique : la base
​
Un arbre doit capter 3.67 kg de CO2 pour constituer 1 kg de carbone (C) dans son tronc, ses branches et ses racines.
Le carbone capté dans l'atmosphère par les végétaux, puis séquestré dans les matériaux biosourcés de ma maison, s'élève à 3.829 tonnes. NB : cette valeur s'appuie sur un TH standard (taux d'humidité de 19 %) qu'il faut soustraire de la masse du matériau, car l'eau ne contient pas de carbone biogénique.

Donc, 3.829 t (C) X 3.67 = 14.05 t de CO2. Le madrier ne stocke pas le CO2, mais le carbone (C) du CO2. Le CO2 est un gaz et le C... un solide.​​​​​
Empreinte carbone de l'énergie sur 60 ans
​
Mon projet .................... 209 ............... 12.5 t éq. CO2​
Unité sans clim ............. 759 ............... 45.5 t
Unité avec clim ............ 828 ............... 49.7 t​​​​​
Sur la base de l'empreinte carbone* de ​chaque kWh produit par Hydro-Québec, le calcul va comme suit :
​
6 054 kWh/an X 34,5 g/kWh éq. CO2 = 209 kg éq. CO2
​
* Source : Hydro-Québec, Taux d'émissions Cycle de vie (voir ici).
Oui, mon projet serait bas carbone
Périmètre d'analyse : A1-A3
​​​​​​
Au Canada, plusieurs études comparatives limitent le périmètre d'analyse aux modules A1-A3, soit les émissions intrinsèques des matériaux d'un projet résidentiel (MCE studies, en référence aux « Material Carbon Emissions »).
​
Dans la plupart des cas, les auteurs sont des organismes affiliés au milieu de la construction écologique, dont Passive Buildings Canada et Builders for Climate Action. RNCan (Ressources naturelles Canada) a aussi mené la sienne à la grandeur du canada (« Canada wide »).
​​​​
Base de comparaison retenue : nombre de kg éq. CO2/m². En clair, c'est la somme des émissions intrinsèques des matériaux moins le carbone biogénique. La différence sera divisée par le nombre de m² habitables. Puis, le CO2 émis par m² de chauffage sera ensuite intégré.
​​​​​​​
​​
Les inclus et les exclus
​
INCLUS : la structure (fondation en béton + ossature légère en bois) et l'enveloppe (isolants, cloisons, revêtements intérieur et extérieur, plancher de bois, ouvertures, toiture).
​​​
EXCLUS : la mécanique du bâtiment (MEP), le chantier (livraisons et mise en œuvre) et l'excavation (parce qu'elle est vue comme un travail sur le site, non sur la maison). Les granulats (sable et 3/4 net) seront donc exclus également.
Dans la vraie vie, ça donne quoi ?
​​​​​​​​​
En marge des conventions, je vous propose un deuxième jeu de données : le portrait complet des émissions de CO2 de mon projet. Outre les modules A1-A3, j'intègre tout le reste, soit les modules A4-A5 (livraisons des matériaux et chantier), ​​l'excavation et la mécanique du bâtiment (MEP).
Le but : illustrer le mieux possible l'impact climatique réel d'une « vraie maison dans la vraie vie », c'est-à-dire une maison livrée complète et prête à habiter.
​​
​
​
​
​​
​​​
Pour me conformer aux études comparatives au Canada​​​​
​
Calcul de mon total de CO2 aux fins de comparaison :
​​
Grand total (A1-A5) 18 830
Livraisons et chantier (A4-A5) - 3 676
Mécanique bâtiment - 1 055
Excavation (granulats) - 586
TOTAL (N kg éq. CO2) 13 513
​​​​​​​
​​​IMPORTANT : les émissions intrinsèques des matériaux biosourcés ont toutes été calculées hors carbone biogénique pour les visibiliser - non les noyer dans un mix de compensation carbone.
Intensité carbone par m² habitable

vs

Score du projet
Score de la moyenne
​​​​​​​​​​
Avec un résultat très nettement inférieur à 150 kg éq. CO2 / m² de surface habitable,
mon projet se classe dans la catégorie des constructions « bas carbone » au Canada
(en référence à l'indice MCE).
Remarque no. 1
​
Les études MCE ne sont pas dépourvues d'intérêt car après tout, l'énergie grise des matériaux, c'est la base !
​​​
La preuve ! Le CO2 associé à mes matériaux représente
72 % du grand total A1-A5 (hors compensation carbone). En ajoutant la mécanique du bâtiment et les granulats du remblayage, on parle même de 80.5 % des émissions du projet. C'est donc très significatif.
​​​
Pour sa part, l'intensité carbone par m² met clairement en relief la portée du choix des matériaux, et implicitement, l'énergie grise propre à chacun d'eux. ​​
Avec un score de - 4.5 kg éq. CO2 / m² *, l'origine et la composition de mes matériaux auront fait la différence :
​​
-
origine biosourcée vs origine minérale ou fossile;
​​​
-
matière vierge (issue de la filière industrielle classique) vs celle recyclée (via la filière du recyclage).
​​
Sur ce dernier point, 19 % de la masse de mes matériaux biosourcés provient du réemploi (mon vieux bois) ou du recyclage (SONOclimat ÉCO4). Voir PDF ci-bas.
​​
* NB : le score de mon projet (- 4.5 kg) inclut l'empreinte carbone du chauffage par m², soit 1.27 kg. Calcul : - 5.74 + 1.27 = - 4.47.​​​​​​​​
Remarque no. 2​​
​​​
Certes, j'étais content de tomber sur les études MCE pour classer mon projet à l'échelle du pays. Mais pour tout dire, je ne suis pas vraiment fan de la compensation carbone qui est au cœur de leur méthodologie.
​
Rappelons que le stockage du carbone biogénique dans le matériau biosourcé n'est pas permanent, mais temporaire.
​​
Oui, ce stockage s'inscrit dans le long terme. Mais à la fin de la vie utile du bâtiment, ce carbone sera en grande partie retourné dans l'atmosphère - à 100 % lorsque le matériau est brûlé (CO2), et moins vite s'il est enfoui (CHâ‚„).
​​
Ainsi, certains modèles d'évaluation ne retiennent pas le carbone biogénique pour éviter de sous-estimer l'impact réel sur le climat. On préfère les émissions générées par les projets. Je suis de cet avis, d'où mon tableau qui distingue le passif (le CO2 intrinsèque) de l'actif (carbone biogénique) sur l'ensemble du projet (A1-A5).
​​
En séquestrant le carbone retiré de l'atmosphère, est-ce que le biosourcé donne au moins un répit au climat ? Peut-être sous certaines conditions. Voir en fin du bilan.
​​​​​​​​
Gardez en tête les émissions intrinsèques
Le petit gabarit de mon projet aura émis presque 19 t éq. CO2 sur A1-A5. Ce n'est pas négligeable. ​​Mais comparé à la maison standard au Québec (198 m²), mon projet fait bonne figure.
​
En valeurs absolues, les émissions intrinsèques des matériaux (A1-A3) de cette maison s'élèveraient à 39.6 t éq. CO2 (Habitation Québec). Cette donnée est probablement
« hors excavation et hors MEP ». Sur A1-A3, mon score (13.51 t) serait presque trois fois moins élevé (ou 34 % de la maison standard).​​​​​​​​​​​​
Kg éq. CO2 / an* (sur 60 ans) ​
A1-A3 Énergie T / an
Mon projet 225 209 434
Unité standard 660 759 1 419
​
* Hors excavation et MEP. L'excavation est considérée comme un travail sur le site (pas sur la maison), et les DEP sont trop rares sur la mécanique du bâtiment (MEP). Ces volets sont souvent exclus.
Une estimation médiane entre trois scénarios évalués par ChatGPT5 (périmètre A1-A5 et selon des paramètres détaillés fournis par moi), fixe à 51.88 t éq. CO2 l'empreinte carbone de l'unité standard (198.2 m², 1 1/2 étage avec sous-sol pleine hauteur, MEP et excavation comprises). Écohabitation énumère ici les avantages de vivre dans moins grand.


​​Est-ce que mon projet est carboneutre ? NON !
Même si la valeur de mon score est négative, le périmètre restreint de l'ACV ne m'autorise pas à revendiquer ce statut.
​
Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Lorsqu'on embrasse un spectre plus large (voir A1-A5 de mon bilan), ça grimpe aussitôt à 50.8 kg éq. CO2 / m². Au mieux, ma maison serait considérée comme « stockeuse nette » pour A1-A3.
​
Pour parler de carboneutralité, l'évaluation doit couvrir toute la durée de vie du bâtiment, soit du berceau à la tombe, et à la fin, ce bilan doit être neutre ou compensé.
Et quand on dit « compensé », il faut comprendre plantation d'arbres. C'est le scénario le plus vraisemblable.​​​

Source : Builders for Climate Action & Passive Buildings Canada • Emissions of Materials Benchmark Assessment for Residential Construction
Téléchargez leur document ici (seulement en version anglaise).

Le chantier : un impact maîtrisé ?
Dans l'analyse du cycle de vie, le module construction est divisé en deux (A4-A5) : le transport et la mise en œuvre.​​ Sans surprise, le transport (réf. travailleurs et équipements), et surtout la livraison des matériaux, ont totalement dominé le bilan carbone du volet construction.
À l'opposé, la machinerie (excavation) aura eu un impact carbone marginal avec à peine 4 % des émissions. Quant à l'outillage (cloueuse à air comprimé, scie à onglet, etc.), il reposait sur de l'électricité bas carbone. Ici encore, impact négligeable.
​​Déplacements des travailleurs
Rayon moyen de résidence p/r au chantier : 24.6 km
(2 133 km parcourus, incluant effectifs excavation)
​​​
Seize (18) livraisons locales *
Rayon moyen p/r au chantier : 29.5 km​
(862 km parcourus)
​​​​​​​​​
Trois (3) livraisons longues distances
Rayon moyen p/r au chantier : 3 664 km ​​​
(12 438 km parcourus, aller simple)​​
620 kg éq. CO2
954 kg éq. CO2
735 kg éq. CO2









Livraisons de l'excavatrice et des granulats
Rayon moyen des fournisseurs p/r au chantier : 26.3 km
(538 km parcourus)
​
1 116 kg éq. CO2


Autres émissions
Collecte des portes et fenêtres usagées (700 km) ................................................................................ 143 kg éq.CO2
Élimination des déchets ultimes ............................................................................................................. 108 kg éq.CO2
​​
Le CO2 de mon chantier, c'est surtout des livraisons !
​​​​​
​​
CO2 livraisons (locales et longues distances) ...... 2.8 tonnes ... 76 %
CO2 déplacements des travailleurs ..................... 620 kg .......... 17 %
CO2 machinerie (excavation) ............................... 147 kg ............ 4 %
CO2 déchets ultimes ............................................ 108 kg ............ 3 %
ÉMISSIONS A4-A5
3 676 kg éq. CO2
​La simplicité du concept aussi aura aidé​​
Oui, la proximité des travailleurs et des fournisseurs locaux était un atout pour contenir les émissions (rayon < 30 km).
Mais la simplicité du concept architectural aura aussi joué en permettant un assemblage aisé et rapide des matériaux, et de là, des émissions de CO2 plus faibles. Comment ?
​​
1. En écourtant la durée du chantier, les effectifs se sont moins déplacés.
​​
2 . En imposant moins de complexité, mon concept se sera traduit par moins de coupes, moins d'erreurs d'exécution et forcément, moins de déchets.​​
Les déchets ultimes
​​
D'emblée, disons que les commandes de matériaux s'en tenaient aux stricts besoins du projet. Les maigres surplus ont été stockés dans mon garage pour d'éventuelles réparations de la maison. ​
​​
Une gestion serrée des déchets​
Au total, pour la durée du chantier, mes déchets ultimes (réf. déchets condamnés à l'élimination) ont représenté entre 30 et 45 kg, soit entre deux et trois bacs de 240 l.
​
Ces déchets étaient légers : retailles de foam, contenants de mousse isolante (en spray), emballages (films plastiques pour les matériaux et les repas des travailleurs). Quant aux palettes de livraison, je leur réservais d'autres débouchés.
​​
J'ai apporté à l'écocentre du village (à 3 km du chantier) tout ce qui pouvait être recyclé ou revalorisé, dont les déchets métalliques (retailles de tôle, clous...). Sachez que le recyclage du métal affiche un taux parmi les plus élevés.
​​​
Retailles pour le réemploi
Un des avantages de travailler avec le bois, ce sont ses retailles. Elles peuvent être facilement récupérées pour d'autres usages (confection de meubles, bois d'allumage, petits travaux). Ce qui n'a pas manqué d'arriver !​​
Analyse sommaire
​​​
Typiquement, l'empreinte carbone des modules A4-A5
(livraisons et chantier) représente entre 6 et 10 % de celle des matériaux selon Rocky Mountain Institute (voir ici). Or, avec 27.2 %, j'explose les taux attendus. C'est logique !
​
La logistique, même si elle est moindre pour un petit projet, ne diminuera pas en proportion. C'est pourquoi le transport (livraisons + déplacements) occupera une part supérieure.
​
En outre, un si haut taux (27.2 %) peut justement refléter la sobriété carbone des matériaux (chanvre et autres) ou leur usage modéré (maison sans sous-sol = moins de béton). ​​​​​
​​​
​
​
Enfin, les livraisons longues distances pèsent pour 5.4 % des émissions intrinsèques des matériaux (A1-A3). C'est significatif. Mais, fait étonnant, les importations d'Europe ont eu un effet marginal (≈ 15 % des 735 kg). À l'inverse, les livraisons par voie terrestre (poutres de l'Oregon et chanvre) ont dominé largement avec 85 % du CO2.
​
Ce constat rappelle que le transport maritime - bien que très polluant - affiche une empreinte carbone par tonne / km bien plus avantageux que le transport routier.





Impact carbone de mes déchets ultimes
​​
Entre 72 et 108 kg éq. CO2
​
Ces estimations ont été fournies par ChatGPT 5 sur la base des données chiffées et pertinentes que j'ai réunies (volumes, poids, teneur du contenu, destination, distance...).​ J'ai retenu les résultats les plus conservateurs (les moins optimistes).

Les connaissances scientifiques sur les flux de carbone entre la forêt (sol et arbres) et l'atmosphère progressent et se raffinent. Et aujourd'hui, elles apportent un nouvel éclairage sur les écomatériaux, dont ceux d'origine forestière.
​
Trois petits drapeaux rouges méritent d'être agités.

Prélever de la biomasse forestière pour fabriquer des matériaux biosourcés, ça peut jouer contre le climat.
Logique ! Cette ponction se fait sur le dos d'un important puits de carbone naturel qui voit alors ses capacités de séquestration s'affaiblir.
Et la coupe à blanc, qui reste la norme sur le terrain
(± 85 %), en rajoute ! L'écosystème mettra des années à s'en relever... tout en déstockant du CO2.
​​​
Un autre possible est-il... possible ?
​​
​Plusieurs​ auteurs ont signalé les dommages collatéraux
des prélèvements forestiers sur le climat. Parmi eux, Phillipe Leturcq (France) et Brieuc Thibault (Québec).
​
Ce dernier affirme : ​​​« À aucun moment, le matériau biosourcé ne représente un stock supplémentaire de carbone. Sa production génère au contraire une diminution globale des stocks ».
​​​​​​
Au chapitre des solutions, il faut privilégier une approche moins « brutale ». Les coupes partielles s'inscrivent dans cette voie en limitant le déstockage du carbone forestier.
​
Par ailleurs, une récente étude démontre qu'une parcelle rasée émettra passablement de CO2 après la perturbation. En cause : un sol remué par la machinerie lourde, puis des décomposeurs dopés par l'abondance des déchets de coupe. Le retour à l'équilibre (entre émissions et captation) s'étalera sur près 25 ans. Un quart de siècle !
​​​​​​​​​
Finalement, est-ce que la dette carbone consécutive aux coupes à blanc doit être portée au bilan carbone du bois d'œuvre ?
La question reste ouverte. Mais je pencherais pour le oui.
Liens pertinents
SNAP Québec (2025)
La science du carbone pour la conservation
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​​RADIO-CANADA (2025)
La forêt : alliée ou ennemie du climat ? (La semaine verte)
​​
RADIO-CANADA (2024)
On s'en remettra à nos puits de carbone naturels, dont les forêts et les sols, pour compenser les émissions de GES liées à l'enfouissement du bois (méthane) ou à son incinération (CO2).
​​​​​
Sauf qu'aujourd'hui, sous l'effet du réchauffement, nos forêts peinent à jouer leur rôle, au point où certaines deviennent même des sources nettes de CO2.
​
Constat troublant.
Sommes-nous dans une impasse ?
​​
La hausse générale de la température du globe conduit non seulement à des pointes de chaleur extrême, mais elle dérègle aussi le régime de précipitations*, qui à son tour, fragilise les écosystèmes.
​​
Résultats : sécheresses intenses et prolongées, sols secs, stress hydriques, maladies, parasites ou... feux de forêts qui relâchent des millions de tonnes de CO2. Cercle vicieux.
​​
Globalement, ces conditions rendent les forêts moins aptes à capter et séquestrer le carbone. Par exemple, la forêt française a vu ses capacités chuter dramatiquement de
50 % en seulement 10 ans !
​​​
La solution reste toujours la même : réduire nos émissions pour modifier notre trajectoire.
​
Cette réduction, c'est pile-poil dans les cordes de la sobriété énergétique et matérielle. Simple et diablement efficace, la sobriété relâche la pression sur la planète, sans attendre la « technologie miracle ».
​​
À la clé, des économies bien réelles pour vous... et plus de liberté ! Ce qui ne gâche rien.
* Le régime de précipitation décrit les précipitations dans le temps sur un territoire donné (où, quand, comment). À l'étude : fréquence, durée, intensité, formes (liquide ou solide).
Liens pertinents
​​​​SNAP Québec (2025)
La nature et la régulation du climat (vidéo < 2 min)​​
​
Réseau action climat (2025)
E​​ffrondrement du puits forestier
​​
​​RADIO-CANADA (2021)
Entrevue : Catherine Potvin,
spécialiste du carbone forestier
​​
Avant d'attaquer le plat principal, que diriez-vous d'une petite mise en bouche ?
​
La Société pour la nature et les parcs du Canada, section Québec (SNAP Québec), est un organisme à but non lucratif dédié à la protection de la nature. Il consacre notamment ses énergies à la création d’un réseau d’aires protégées à travers la province, afin d’assurer la protection à long terme de la forêt boréale, un des plus grands puits de carbone de la planète.
​
Personnellement, j'ignorais l'existence de cet OBNL jusqu'à ce que je découvre - en 2025 sur les grandes plateformes - sa série de vidéos qui questionnent l'empreinte carbone de l'industrie forestière et la fin de vie du bois d'œuvre.
​
Au cours de mes lectures sur l'empreinte carbone des matériaux biosourcés, ​j'avais déjà « croisé » quelques auteurs qui soulevaient les mêmes enjeux.
​​​​​​​​​​​​
​
​
​Deux courtes vidéos (< 2 min) abordent - directement ou implicitement - les trois petits drapeaux rouges. Cliquez sur l'image des cellulaires. C'est à voir. ​
PRÉLÈVEMENT


FIN DE VIE
Une fois arrivé en fin de vie, le bâtiment pourrait devenir un gisement de matériaux biosourcés destinés au réemploi ou au recyclage.
​
Mais hélas, ces matériaux sont majoritairement enfouis ou incinérés. Et le carbone retourne à la case départ...
​​​
Ces pratiques - typiques d'une économie linéaire - érodent l'intérêt du biosourcé d'origine forestière au regard du climat.
​
Indice de circularité au Québec : un maigre 3.5 %.
On peut faire mieux, non ?
En 2021, la masse des résidus CRD (construction, rénovation, démolition) se chiffrait à 3.5 millions de tonnes rien qu'au Québec... en un an !
​​​
Le bois représentait plus de
600 000 t. (55 % enfouies,
28 % incinérées et 17 % recyclées).
​
Pour relâcher son carbone dans l'atmosphère, le bois doit brûler ou se décomposer. Nos résidus de CRD cochent deux cases sur trois... Pas optimal. ​
​
Oui, le bois se veut souvent un combustible de substitution (non fossile) pour la production de chaleur. Mais si une fibre de bois peut être recyclée jusqu'à sept fois, est-ce vraiment la bonne chose à faire ?​​​​
​
Je conçois très bien le haut niveau de complexité inhérent à l'industrie du recyclage. Des résidus CRD contaminés et fortement dépréciés par la démolition, c'est compliqué.​​
​​
Et l'écoconception ? Certes, elle pourrait améliorer le portrait en favorisant la démontabilité et la recyclabilité de nos matériaux. Mais elle reste encore (très) marginale.
​
Le sort actuel de nos résidus CRD devrait-il entrer dans le bilan carbone du matériau biosourcé ?
Liens pertinents
​​Québec circulaire (2025)
RECYC QUÉBEC (2023)
Linéaire vs circulaire (vidéo)
RECYC QUÉBEC (2023)
Bilan résidus CRD (vidéo)​
COMPENSATION


MES PRODUITS CINQ ÉTOILES
Le produit écologique parfait n'existe pas. Tôt ou tard, des
« externalités négatives » surviendront au cours de sa production, dont des émissions de CO2.​
Mais je tiens à conclure mon bilan carbone en revenant sur deux produits qui esquivent - en tout ou en partie - les impacts du prélèvement de la biomasse en forêt. ​​​
De fait, deux écomatériaux ont en main des cartes qui les placent dans une catégorie vraiment à part, soit l'isolant de chanvre et le panneau SONOclimat ÉCO4.
​​
Ça tombe bien : ils sont produits et disponibles chez nous, au Québec. Et quand les bonnes nouvelles sur le climat sont rares, ces produits apportent un peu d'optimisme.
DANS LA CATÉGORIE
PRODUIT AGRICOLE

DANS LA CATÉGORIE
ÉCONOMIE CIRCULAIRE



​Le chanvre est un produit agricole. De ce fait, il permet un retour à l'équilibre initial des stocks de carbone en un an seulement, contre 50 à 60 ans pour un arbre destiné au bois d'œuvre.
Le chanvre est hautement renouvelable et il est difficile à égaler pour pomper le carbone atmosphérique !​
Sa récolte et sa transformation nécessitent peu d'intrants d'origine fossile. Ce qui fait que l'énergie grise derrière le produit est modeste et moins impactante pour le climat.
​
Évidemment, certaines conditions doivent être respectées pour que le produit conserve ses atouts climatiques. Ainsi, raser des hectares de forêt pour y accueillir une culture de chanvre serait « contre-indiqué » (pour le dire poliment).
​
Même si aujourd'hui le chanvre est déjà cultivé sous nos latitudes, les surfaces qui y sont consacrées restent assez marginales au Québec (autour de 2 200 hectares). L'essor de la demande exigera d'autres sols. Plusieurs scénarios sont envisageables. En rotation de cultures, le chanvre vient amender les sols le temps d'une saison. On peut aussi se tourner vers des terres agricoles abandonnées.
​
À quand une vraie « filière chanvre » au Québec ?
​​​​
Voir ici une vidéo très inspirante (France).​
​En recyclant chaque année 25 000 tonnes de bois, la compagnie MSL épargne la coupe de 300 000 arbres pour produire ses panneaux SONOclimat ECO4. ​​Une tonne de bois recyclé représenterait entre 12 et 17 arbres !
​​​​​
L'approche est gagnante aux deux extrémités du cycle de vie du produit, là où l'impact carbone se fait le plus sentir.
​​
DÉBUT DU CYCLE
Aucun prélèvement n'est fait en forêt - donc, aucune coupe, aucune perturbation avec son cortège de dommages sur le climat et la biodiversité boréale.
​​
FIN DU CYCLE
La matière ligneuse en fin de vie est recyclée et transformée en un nouveau produit (lui-même 100 % recyclable), au lieu de libérer le carbone qu'elle contient via l'incinération ou l'enfouissement.
Du coup, on limite le gaspillage et on retarde la saturation de nos sites d'enfouissement.
​
Selon une étude de FPInnovations (2019), le produit du bois qui est fabriqué à partir de fibres recyclées affiche un bilan carbone 71 % inférieur à celui utilisant de la fibre vierge.
​​​​​
Pour en savoir plus, voir ici.
(Webinaire No.2 HUB Construction, 7 avril 2022)
​